vendredi 12 septembre 2008

Des formes de la Démocratie.

"Lorsque je songe aux petites passions des hommes de nos jours, à la mollesse de leurs moeurs, à l'étendue de leurs lumières, à la pureté de leur religion, à la douceur de leur morale, à leurs habitudes laborieuses et rangées, à la retenue qu'ils conservent presque tous dans le vice comme dans la vertue, je ne crains pas qu'ils rencontrent dans leurs chefs des tyrans, mais plutôt des tuteurs.[...] Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde (démocratique) : je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux même pous se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont il emplissent leur âme. Chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce humaine; quant au demeurant ses concitoyens, il est à coté d'eux, mais il ne les voit pas..."
"...il (le despotisme démocratique) ne brise pas les volontés, mais il les ammolit, les plie et les dirige; il force rarement d'agir, mais il s'oppose sans cesse à ce qu'on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énérve (affaiblit), il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger."

Ce texte est extrait "De la démocratie en amérique", par Alexis de Tocqueville (1835-1840).

Aucun commentaire: